Bonjour Rav,
J'ai épousé il y a 10 ans un homme qui étudiait dans une Yéchiva sérieuse, qui a continué au Collel.
Or depuis quelques années, il a un blocage et il n'arrive plus à étudier, n'a plus de Séder Limoud, pas de 'Havrouta et n'écoute plus de Chi'ourim. Il est même difficile pour lui d'aller à la Choul pour le Minyan et il prie souvent à la maison.
Pour clarifier les choses, c'est un homme à qui l'étude de la Torah importe beaucoup et il essaye de reprendre les choses en main. Il a commencé le Daf Hayomi à la maison, quelques minutes par jour.
C'est un sujet dont nous avons discuté, et il me dit qu'il travaille beaucoup sur lui (il va en thérapie pour plusieurs choses), ce n'est pas comme si cela ne le dérangeait pas.
Le problème, c'est moi. Je prie pour lui depuis des années pour qu'il retrouve son aspiration, sa connexion, son amour pour le Kiyoum du Limoud Torah et des Mitsvot, qu'il soit un Juif vraiment connecté avec Hachem, mais c'est dur pour moi.
Comment voir mon mari avec respect et amour quand la situation n'est pas comme j'aurais voulu ?
Merci d'avance !
Réponse de Rav Avraham GARCIA
Chalom Ouvrakha,
Votre message m'a énormément attristé.
Permettez-moi toutefois de partager avec vous une réflexion complémentaire, non comme une affirmation, mais comme une piste possible à examiner avec discernement.
Il arrive que des blocages profonds ne proviennent pas uniquement d’un travail intérieur ou émotionnel, mais aussi de ce qui occupe l’esprit au quotidien. Une surcharge mentale, des sollicitations permanentes ou des contenus extérieurs peuvent parfois, sans que la personne en ait pleinement conscience, fatiguer l’âme, troubler la concentration et diminuer progressivement l’élan pour l’étude, la prière et la vie intérieure.
C’est pourquoi il peut être utile de se poser une question simple et honnête : quel est l’environnement intellectuel et mental de la maison ? Existe-t-il des éléments qui prennent beaucoup de place, qui dispersent l’attention ou qui « prennent la tête », même de manière indirecte ?
Parfois, sans accusation ni soupçon, il peut être bénéfique de faire un essai, pour une période donnée : alléger fortement certaines sources de distraction, simplifier l’environnement, afin d’observer si cela entraîne un changement, même léger, dans la sérénité, la disponibilité d’esprit ou la motivation.
Il ne s’agit ni d’un jugement, ni d’une solution miracle, mais d’un test, au même titre qu’un travail personnel ou un accompagnement, pour voir ce qui aide réellement et ce qui freine.
Enfin, concernant votre question essentielle : comment continuer à regarder votre mari avec respect et amour lorsque la réalité ne correspond pas à ce que vous aviez espéré ?
Peut-être en vous rappelant que vous êtes face à un homme qui lutte, qui ne s’est pas résigné, et qui traverse une épreuve intérieure que vous ne pouvez pas toujours mesurer. Le respect ne vient pas seulement de l’état visible, mais aussi du combat silencieux qui se mène à l’intérieur.
Que vous trouviez la force de garder un regard bienveillant, et que votre foyer soit accompagné d’aide et de clarté, pas-à-pas.
Kol Touv.

