Bonjour Rav,
Dans le 'Olam Haba, la Halakha suivra Chamaï et non Hillel, mais cela est-il automatique pour toutes les Halakhot sans exception ?
Par exemple, Chamaï dit d'allumer les bougies de 'Hanouka en ordre décroissant, donc huit le premier soir pour arriver à une le dernier soir. Mais cette façon de faire n'est pas "jolie". Terminer à Zot 'Hanouka avec huit bougies, ça me fait quelque chose, mais terminer la fête avec une, c'est plutôt "triste".
Merci Rav.
Réponse de Rav Avraham GARCIA
Chalom Ouvrakha,
Votre question est très fine.
L’idée que la Halakha suivra Chamaï dans le 'Olam Haba apparaît dans plusieurs sources, mais les Rabbanim soulignent qu’il ne s’agit pas d’un renversement mécanique et global des Halakhot.
Il s’agit d’un changement de perspective spirituelle, et non d’un simple changement de règles.
Pour comprendre ce processus, il faut d’abord répondre à la question : pourquoi la halakha suit-elle aujourd’hui Beth Hillel ?
Le Talmud (Erouvin 13b, voir Arvé Na'hal, Parachat Emor, Dracha 5) explique que la Halakha suit Hillel parce qu’ils étaient patients, humbles et prenaient en compte l’avis opposé avant le leur.
Autrement dit, leur méthode correspond au monde imparfait, où la réalité est fragmentée, où l’homme progresse pas-à-pas et où le bien se construit progressivement.
Chamaï, lui, raisonne depuis un monde de perfection : la vérité est déjà là, la lumière est donnée d’emblée, et l’on descend ensuite vers sa reception ou sa concrétisation.
C’est aussi la raison pour laquelle Chamaï est toujours plus strict qu’Hillel [Erouvin 6a, Tosefta Yevamot fin du chapitre 1].
Par exemple, pour ‘Hanouka, Chamaï commence par 8 bougies et diminue, alors qu’Hillel commence par 1 et augmente [voir Sfat Emet, 'Hanouka, année 1884].
Votre intuition sur ‘Hanouka est très juste : finir avec 8 bougies est joyeux, mais finir avec une seule bougie, semble « triste ».
C’est précisément pour cette raison que dans ce monde, la Halakha suit Hillel : nous vivons dans l’obscurité, la lumière se construit progressivement, et chaque pas compte.
Dans le monde futur, où la lumière est déjà révélée, commencer par 8 n’est plus une perte, car la lumière ne diminue pas réellement : seule son expression change.
Je comprends que ce soit difficile à saisir ; c’est un concept très subtil. Mais avec ces quelques mots, on peut commencer a comprendre l'approche de Chamaï dans le monde futur.
Lorsqu’on reçoit une lumière aussi forte, on se sent encore plus petit face à l’ampleur de la vérité absolue et à la lumière du 'Olam Haba.
D’ailleurs, la mèche se consume et devient de plus en plus petite [voir Sfat Emet susmentionné].
Kol Touv et 'Hanouka Saméa'h !

