Musique d'un compositeur éloigné du judaïsme, Cachère ?


Bonjour Rav,

La musique d'Arnold Schoenberg est-elle Cachère ?
Arnold Schoenberg (1874-1951) est un compositeur juif qui s'est converti au protestantisme en 1898, et a fait "Téchouva" en 1933 à la synagogue Copernic à Paris (courant libéral déjà à l'époque).

Merci Rav.

Réponse de Rav Avraham GARCIA

Chalom Ouvrakha,

La musique d’Arnold Schoenberg n’a aucun problème de Cacheroute hilkhatiquement parlant.

La "Cacheroute" d’une musique ne dépend pas de la pratique religieuse du compositeur.

Dans la Halakha, ce qui peut poser problème dans la musique, ce sont des éléments tels que :

- un contexte interdit (par exemple, une musique destinée à un culte idolâtre) ;

- des paroles problématiques ;

- ou des ambiances qui ne conviennent pas à certains cadres (par exemple pendant les périodes de deuil collectif comme le ‘Omer ou les trois semaines).

La biographie du compositeur — même s’il a eu des parcours complexes — n’affecte pas le statut halakhique de la musique qu’il écrit, tant qu’elle-même n’est pas reliée à un culte étranger ou à des paroles interdites.

La musique purement instrumentale, comme la plupart des œuvres de Schoenberg, ne pose donc pas de problème en soi.

Le caractère moderne, atonal ou difficile d’écoute n’a aucune incidence halakhique. C’est une question de goût, pas de loi.

Au-delà de la Halakha, il est impératif d’aborder la musique sous l’angle spirituel. Car toutes les musiques ne se valent pas. Il faut s’éloigner des musiques composées ou interprétées par des personnes impures ou perverties, car la musique pénètre au plus profond de l’âme.

Nos Sages en étaient pleinement conscients [Talmud Brakhot 57b], et le Rav Na'hman de Breslev [Likouté Moharan 3] soulignent que la musique influence l’homme jusque dans son intériorité.

Le roi Chaoul, troublé dans son esprit, retrouvait la paix grâce à la musique de David [Chmouel I, 16 ; voir Malbim].

Mais attention : il s’agissait là de "bonne musique", une musique pure, capable — comme l’écrit le Gaon de Vilna, qui jouait lui-même du violon [Kol Hator 5, 2, Cha'ar Béer Chéva'] — de repousser le Yétser Hara' [Divré Hayamim I 23, 4].

C’est cette musique-là que jouaient les Léviim lors des sacrifices : une musique qui élevait, qui éveillait la joie spirituelle [Rabbénou Be'hayé sur Bamidbar 4 ; Zohar Vayikra p.8].

Mais quand la musique dégénère, elle perd sa fonction sacrée. Le prophète Amos [chap. 6] réprimande le peuple pour les musiques vides de spiritualité qu’il écoutait. Rachi, Ibn Ezra et le Radak expliquent qu’Amos leur reproche d’avoir vidé la musique de sa dimension divine.

Conclusion : La musique de Schoenberg est "permise", halakhiquement parlant, à condition de l’écouter dans des contextes appropriés (pas pendant les périodes où l’on s’abstient de musique, etc.).

Mais il est important de souligner que selon l'esprit de notre Torah, et le message qu'elle veut nous transmettre, il peut y avoir des choses négatives qui nous pénètrent en écoutant de tel compositeur…cela dépendra donc de notre niveau spirituel.

Kol touv.