Bonjour Rav,
Je suis dans un domaine particulier, et en ce moment il n'est pas facile de trouver du travail. Je viens d'entendre qu'un ancien collègue, avec lequel j'ai travaillé dans le passé, va se retrouver au chômage. Personnellement, j'ai beaucoup cherché avant de trouver un employeur (je travaille à la tâche).
D'un côté, j'ai le devoir de Véahavta Léréakha Kamokha (aimer son prochain comme soi-même), et je dois donc l'aider à trouver du travail, en l'occurrence chez mon employeur. Mais d'un autre côté, il n'y a pas beaucoup d'opportunités de travailler, et lui proposer cela pourrait impacter mes possibilités de travailler, et donc impacter ma famille.
Que dois-je faire ? Dois-je l'aider ? Dois-je attendre qu'il sollicite mon aide ? Dois-je aller vers lui et lui parler de mon employeur sans qu'il me demande ? Peut-être que 'Hayékha kodmin (ta vie passe avant) et même s'il me demande, je dois rester vague ?
Que faire ?
Merci Rav.
Réponse de Rav Gabriel DAYAN
Bonjour,
Nos Sages, les 'Hakhamim, disent : "Ta vie et la vie de ton ami - Ta vie prime". C'est un principe fondamental dans la Halakha. Talmud Baba Métsia 62a.
Dans une situation où la vie d'une personne et la vie d'une autre [un ami, un voisin, etc.] sont toutes deux en danger, et qu'on ne peut sauver qu'une seule, la personne concernée doit prioriser sa propre vie. Ce principe établit, donc, une hiérarchie de l'obligation de sauver une vie lorsqu'il n'est pas possible de sauver tout le monde.
L'enseignement est dérivé d'un cas de figure mentionné dans le Talmud : deux personnes marchent dans le désert, et l'une d'elles possède une cruche d'eau. La quantité d'eau est suffisante pour qu'une seule personne atteigne un endroit habité, mais pas les deux. Si les deux boivent, elles mourront toutes les deux. La question qui se pose : Qui doit boire l'eau ?
Rabbi 'Akiva, s'appuyant sur un verset [Vayikra, chapitre 25, fin du verset 36], enseigne : "Ta vie précède la vie de ton ami".
Ce principe ne doit pas être vu comme un encouragement à l'égoïsme. Il est considéré comme impossible d'exiger d'une personne qu'elle se sacrifie délibérément pour une autre, sauf dans des cas extrêmes où la Halakha l'exige. En d'autres termes, l'obligation de sauver la vie de l'autre ne s'étend pas au point de mettre sa propre vie en danger certain pour y parvenir.
Donc, il ne vous reste plus qu'à prier du fond du cœur, pour votre ancien collègue ! Priez tous les jours pour cela ! Et vous tirerez, vous-même, un immense bénéfice de ces prières [Hachem vous exaucera en premier]. Voir Rachi sur Béréchit, chapitre 21, verset 1, passage : Vachem Pakad Ete Sarah.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

