Coupe de cheveux sur la tombe d'un Tsadik


Bonjour Rav,

Pour la coupe de cheveux ('Halaké) des trois ans de mon fils, j’avais pensé aller sur le Kéver de Baba Salé (il porte son nom). Mais comme ça tombe un vendredi et qu’on ne coupe pas les cheveux le soir, on pensait juste y aller pour prier jeudi soir, sans couper là-bas de mèche.

Du coup, je voulais savoir s’il y a vraiment un sens particulier à couper les cheveux sur la tombe d’un Tsadik le jour des trois ans, ou bien le fait d’y aller simplement pour prier est déjà suffisant ?

Je sais que ce sont surtout des Minhagim, mais je voudrais juste comprendre si cela sert réellement à quelque chose ou pas.

Merci Rav.

Réponse de Rav Avraham GARCIA

Chalom Ouvrakha,

Vous avez raison de souligner qu'il n'est pas question de "Halakha" mais de coutume à respecter, et vous demandez donc quelle sera la meilleures des décisions à prendre.

Certains n'ont pas l'habitude de faire quelque chose de spécial pour les trois ans de leurs enfants. [voir Ma'ayan Omer et Yalkout Yossef].

Le premier Rav qui nous rapporte la coutume de couper les cheveux d'un enfant à côté de la tombe d'un Tsadik [Kéver Chmouel Hanavi] est le Radbaz [II, 608 ; voir Chem Haguedolim] et par la suite le Rav Chmouel Garmizan dans son livre Michpeté Tsédek [voir Chem Haguedolim].

D'autres nous rapportent la coutume de la coupe, en omettant ce détail d'être à côté de la tombe d'un Tsadik [Guinat Vradim dans Gan Hamélekh 62, rapporté dans le Dvar Moché Téomim 1, 45 ; Sdé 'Hémed Ma'arékhet 'Hol Hamo'ed 5]. Ils précisent même que cette cérémonie se réalise à la synagogue [Sdé 'Hémed].

Nous retrouvons une autre source à cette coutume [Cha'ar Hakavanot, Inyan Séfirat Ha'omer 87a] qui parle de couper les cheveux de l'enfant sur la tombe de Rabbi Chim'on bar Yo'haï le jour de Lag Ba'omer.

Néanmoins, personne n'a parlé de l'âge de trois ans, on peut sous-entendre qu'il n'y a pas d'âge pour réaliser cette coutume. Les trois ans sont certainement tirés de plusieurs sous-entendus de nos textes [voir Midrach Tan'houma Kédochim 14 sur le verset 19-23, Rama Yoré Dé'a 245, 8].

Quoi qu'il en soit, il est préférable de repousser la coupe après les trois ans plutôt que de la devancer avant les trois ans [Arougot Habossem Ora'h 'Haïm 210, responsa du Maharam Brisk To'em 2, 98 ; Téchouvot Véhanhagot, et autres] mais, comme nous l'avons vu, ce n'est pas une Halakha et peut-être une coutume, et on pourra en cas d'empêchement, même minime, couper les cheveux de l'enfant avant ses trois ans [voir Choul'han 'Aroukh 17, 3, et 657]. Certain évitent de repousser la coupe [voir Afarkasta Dé'anya 171].

D'autres font un compromis [Téchouvot Véhanhagot 2, 246] : si la coupe s'effectuera à côté d'une tombe, on pourra soit la repousser, soit la devancer ; mais si on ne va pas sur la tombe d'un Tsadik, on devra couper les cheveux dès que l'enfant fêtera ses trois ans.

En général, on peut couper les cheveux de l'enfant avant ses trois ans [voir Mo'ed Katan 15a et Choul'han 'Aroukh 531, 6 ; Léket Yocher 97 ; Hékhal 'Avodat Hachem 2, 179 ; Or'hot Rabbénou I, 233, 40].

En conclusion : dans votre cas, vous pouvez soit amener votre enfant le jour de Lag Ba'omer à Méron et lui couper les cheveux, soit aller sur la tombe de Baba Salé le jeudi avant la tombe de la nuit, voire même le dimanche. Certains permettent de couper les cheveux la nuit.

Et si tout cela n'est pas possible, vous pouvez lui couper les cheveux à la synagogue ou dans un endroit saint, le vendredi sans que ce soit a cote d'une tombe.

Vous pouvez aussi amener une touffe de cheveux sur la tombe de Baba Salé plus tard et donner la Tsédaka sur place [certaines coutumes].

Kol Touv.