Bonjour Rav,
Comment appréhender de nos jours le passage de la Torah relatif à la 'Akédat Its'hak ?
Comment un homme peut-il avoir une épreuve aussi dure, jusqu'à être prêt à sacrifier son fils ?
Si quelqu'un aujourd'hui dit qu'il a reçu l'ordre de D.ieu de sacrifier son fils, la société le prendrait pour un fou.
Merci Rav.
Réponse de Rav Gabriel DAYAN
Bonjour,
1. Il faut, tout d'abord, noter que la 'Akéda n’est pas un modèle à reproduire, mais un événement qui s'est passé une seule fois dans l'histoire et qui ne se reproduira plus.
2. Avraham Avinou est un prophète. Il a reçu une révélation claire et incontestable. C’est précisément pour cette raison que la Torah commence par dire : D.ieu mit Avraham Avinou à l’épreuve. Il ne s’agit pas d’un idéal à imiter, mais d’un test ciblé et ponctuel.
3. Nos maîtres expliquent que la difficulté n’était pas seulement l’ordre lui-même, mais la contradiction totale avec tout ce qu’Avraham incarnait : il combattait les cultes idolâtres qui sacrifiaient des enfants. Et voilà qu’on lui demande un acte qui semble nier tout cela. L’épreuve n’était donc pas de devenir cruel, mais de montrer que sa fidélité à Hachem n’était pas conditionnée à sa propre compréhension, même la plus noble.
4. Vous avez parfaitement raison : quelqu’un qui dirait aujourd’hui avoir reçu un ordre divin de sacrifier son fils serait immédiatement repoussé. Depuis le don de la Torah, la prophétie a cessé, et la Halakha tranche sans équivoque : la vie humaine est sacrée. Aucune "révélation personnelle" ne peut contredire la Torah. Toute voix qui ordonne la violence est, par définition, fausse.
5. La 'Akéda ne nous demande pas de sacrifier nos enfants, mais autre chose, bien plus quotidien : être prêt à sacrifier notre confort, notre orgueil, nos certitudes, lorsqu’elles entrent en conflit avec la volonté divine clairement exprimée dans la Torah. Et c’est peut-être cela le message le plus fort : Hachem n’a jamais voulu la mort d’Its’hak, Il voulait révéler la grandeur morale et spirituelle d’Avraham. D’ailleurs, la fin du récit le montre clairement : l’ordre d’arrêter est aussi divin que l’ordre de monter sur la montagne.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

