Chalom,
Le solfège est-il Cachère ?
En effet, le nom des notes de musique (en tout cas dans une bonne partie de l'Europe, dont la France) est constitué des premières lettres de chaque hémistiche d'un hymne catholique.
Kol Touv.
Réponse de Rav Aharon SABBAH
Bonjour,
Il faut tout d'abord savoir qu'il est interdit d'écouter des chants destinés à l'idolâtrie, car cela est considéré comme un profit tiré de celle-ci [voir Choul'han Aroukh Yoré Déa 142:15]. Le Darké Techouva (ibid. §28) rapporte au nom du Séfer 'Hassidim que les airs utilisés pour louer l'idolâtrie sont strictement interdits d’usage pour la Tefila.
De plus, un ministre officiant ('Hazan) qui chantonne ou utilise des mélodies issues spécifiquement de chants idolâtres ne peut continuer à officier dans la synagogue [voir Rama Ora'h 'Haïm 53:25 et Michna Beroura §82). Le Chévèt Halévi (tome 9, chap. 19) ajoute que cette interdiction s’applique également aux airs seuls, sans les paroles.
En ce qui concerne votre question : les noms des notes de musique en usage en Europe comme en France (do, ré, mi…), proviennent effectivement d'un hymne liturgique chrétien du Moyen Âge, appelé "Hymne à saint Jean-Baptiste", dans lequel chaque syllabe au début d’un vers est devenue une note.
Cela étant, le solfège est néanmoins considéré comme permis d'après la Halakha, car il s’agit uniquement d’un outil technique, un système de notation musicale.
Le fait que les noms des notes dérivent d’un texte chrétien ne rend pas leur usage interdit, tant qu’ils ne sont pas accompagnés d’éléments cultuels ou de textes interdits. Il s’agit ici d’un usage purement technique et linguistique. Ce qui est interdit, c'est uniquement l’air musical lié à une pratique idolâtre, comme expliqué plus haut — pas le système de notation musicale en tant que tel.
Dans un registre similaire, le Rama (Yoré Déa 141:1) écrit que les pendentifs en forme d’idolâtrie portés par des non-juifs ne sont pas nécessairement considérés comme des idoles, car leur usage est purement symbolique, et non destiné à l’adoration [tant que la coutume des non-juifs n’est pas de se prosterner devant ces pendentifs ou de les embrasser - voir Chakh §3 et Darké Techouva §9].
Ainsi, l’usage du solfège ne cherche pas à chanter ou vénérer un air idolâtre, mais seulement à disposer d’un système de notation musicale. La musique produite par ce biais n’est donc pas nécessairement liée à l’adoration de l’idolâtrie.
Soyez béni !