Bonjour,
Pourquoi dit-on qu'un pauvre est comme un mort, alors qu'il peut donner des choses gratuites, comme du temps, de la gentillesse, un sourire ou un coup de main, etc. ?
Bien cordialement.
Réponse de Rav Gabriel DAYAN
Bonjour,
L’enseignement auquel vous faites allusion se trouve dans le Talmud Nédarim 64b, où quatre catégories de personnes sont assimilées à des morts : le pauvre, le lépreux, l’aveugle et celui qui n’a pas d’enfants.
Il faut comprendre que cela ne signifie pas que le pauvre n’a aucune valeur, ni qu’il ne peut rien donner. Comme vous le soulignez, il peut offrir énormément : du temps, des sourires, de l’aide. Parfois même, ces dons valent plus qu’une pièce de monnaie.
Mais la comparaison de la pauvreté à la mort s’explique de plusieurs manières :
Un pauvre est souvent « invisible » aux yeux de la société. Comme un mort, il est mis à l’écart; malheureusement, on détourne le regard de lui. La métaphore souligne la douleur de ce rejet. Voir Margaliot Hachass sur Nédarim 62b-64b.
Le pauvre dépend des autres pour survivre. Or, un mort aussi dépend entièrement des vivants pour tout [enterrement, mémoire, respect]. Le parallèle exprime une perte d’autonomie.
Le pauvre est limité dans ses moyens d’action matérielle. Bien qu’il puisse donner d’autres choses immatérielles, il lui manque une dimension de vie : celle de pouvoir construire, donner matériellement, agir librement. Maharal sur Nédarim 64b.
La pauvreté est une épreuve qui peut briser l’homme au point qu’il se sente « éteint ». Les Sages veulent dire que sa douleur intérieure ressemble à une forme de mort sociale et psychologique.
En résumé, la formule ne veut pas nier les immenses richesses dont le pauvre peut bénéficier en ce monde. Elle veut mettre en lumière l’aspect tragique de sa dépendance et de son isolement, afin de susciter chez les autres de la compassion et de la responsabilité.
C'est pourquoi, la Tsédaka sauve de la mort car, en lui venant en aide, nous le faisons vivre, donc, mesure pour mesure, nous méritons la vie. Michlé, chapitre 10, verset 2 et chapitre 11, verset 4.
Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.
Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.