Aimer ses enfants, ce n’est pas tout leur permettre


Bonjour Rav,

Comment une femme divorcée peut-elle éduquer son enfant ? Comment peut-elle lui mettre des limites tout en lui procurant de l'amour ?

Merci beaucoup pour votre réponse.

Réponse de Rav Gabriel DAYAN

Bonjour,

Le roi Chlomo dit :

"Corrige ton fils, tu en auras du plaisir; il donnera de douces joies à ton âme." Michlé, chapitre 29, verset 17.

"Refuser de corriger son enfant, c'est le haïr. L'aimer, c'est le reprendre." Michlé, chapitre 13, verset 24.

En version moderne : Mieux vaut des larmes aujourd’hui que des menottes demain !

Explications :

Il faut savoir que le fait d'éduquer, ce n’est pas toujours faire plaisir. Poser des limites, ce n’est pas faire du mal. C'est apprendre que dans ce monde, tout n'est pas possible, tout n'est pas permis . C’est préparer un enfant à devenir un adulte, à gérer la frustration et à vivre avec les autres. Le monde a été conçu par D., de cette manière avec des intentions bien précises.

Un enfant à qui on ne dit jamais « non ! », c’est un enfant qui risque de finir derrière les barreaux [ou bien pire que cela]. Talmud Sanhédrin 72a.

Il faut avoir le courage de contrarier un enfant quand c’est nécessaire. Un parent qui dit « non » par amour prépare bien son enfant. Celui qui n'ose pas le contredire, le regrettera amèrement.

Beaucoup de personnes pensent, à tort, que fixer des limites à un enfant, lui dire « non », ou faire preuve de fermeté, c’est être dur ou injuste. En réalité, c’est exactement le contraire. Un enfant sans cadre est un enfant qui se sent perdu et une fois grand, il sera tordu. Il a besoin d’un adulte qui lui montre le chemin, qui lui apprend à se retenir, à différer ses envies, à comprendre que tout n’est pas permis, pas par punition, mais pour grandir correctement.

Être ferme, ce n’est pas être violent. C’est être intelligent, cohérent, constant, solide. Et cette solidité est nécessaire pour l’enfant, même s’il la rejette dans l’instant. Ce n’est pas l’émotion de l’enfant au moment où il est contrarié qui mesure la qualité de l’éducation qu’il reçoit. Un enfant pleure quand on l’empêche de traverser la rue en courant. Cela ne veut pas dire qu’on a eu tort.

L’amour sans cadre, c’est de l’abandon déguisé. Un parent qui n’ose pas dire non, par peur de blesser ou de frustrer, transmet à son enfant l’idée que ses désirs font loi, qu’il n’y a pas de règle au-dessus de lui. Et un jour, cet enfant se cognera au réel, et cela fera très mal.

La frustration fait partie de la vie, apprendre à y faire face, c’est un cadeau qu’on donne à son enfant. Méssilat Yécharim, chapitre 1.

L’éducation, ce n’est pas l’absence de conflit, c’est l’apprentissage du vivre ensemble et de savoir éviter et refuser ce qui n'est pas bon. Et parfois, cela passe par des moments tendus. Mais ces moments sont constructifs, tant qu’ils sont vécus dans le respect, l’amour, et la cohérence.

Il faut se rappeler la sagesse bien connue : éduquer, c’est une main de fer dans un gant de velours. La fermeté est indispensable, mais elle doit toujours être enveloppée de douceur. L’enfant doit sentir que derrière le « non », il y a de l'estime et de l'amour, derrière la règle, il y a le souci de son bien, derrière les limites, il y a un parent qui l’accompagne. La fermeté seule brise, la douceur seule détruit; mais la fermeté douce construit.

Une maman avertie en vaut deux !

Nous sommes à votre disposition, Bé’ézrat Hachem, pour toute question supplémentaire.

Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.