L’histoire du peuple hébreu commence étonnamment dans la souffrance et l’esclavage. Généralement, chaque nation se forme à partir de conquêtes et de victoires, installée sur sa propre terre. Mais pour nous, ce n’est pas le cas. Durant 210 ans, nos ancêtres ont subi l’assujettissement des Égyptiens, doublé de sadisme et de crimes. C’est dans ce contexte qu’ils se sont développés et multipliés, jusqu'à devenir le ‘Am Israël. “Certes, ils sortiront d’Égypte de manière miraculeuse, en possession de grandes richesses, mais à quel prix !”, pourrait-on penser.
Si notre histoire débute ainsi, “du pied gauche”, il y a lieu de supposer que cette expérience contient un enseignement fondamental et indispensable pour devenir le peuple élu par D.ieu, celui qui va Le représenter.
Comme le mentionne la Torah, par ce passage en Égypte, nous avons pris conscience de ce que signifie être un étranger. Ainsi, lorsque des prosélytes ou des non-juifs respectant les sept lois noa’hides se joindront aux Juifs en terre d’Israël, nous devrons faire preuve de compassion à leur égard et chercher à les aider, car “toi aussi tu étais étranger en Égypte”. La souffrance conduit à l’humilité et à ressentir les peines de son prochain.
Cependant, ce qui est plus difficile à comprendre dans cet exil en Égypte, c’est l’esclavage : il s’agit d’un état dégradant qui laisse des traces profondes dans la psyché de ceux qui l’ont vécu.
C’est la Torah elle-même qui nous en donne l’explication : D.ieu nous a fait sortir d’Égypte pour Le servir (voir Chémot 3, 12). En d’autres termes, nous devions passer par l’état d’esclaves chez les païens afin de devenir des serviteurs de D.ieu. Mais cette réponse apparaît insuffisante : comment justifier que 210 années d’esclavage pénible aient été nécessaires uniquement pour inculquer ce sentiment de soumission ?
Le service d’un esclave implique une annulation de soi au profit de son maître. Dans le cadre du service divin, cela se traduit par une soumission de la pensée et de la volonté à celle de D.ieu. Lorsque les Bné Israël recevront la Torah, ils accéderont à la vérité la plus limpide, à la connaissance de D.ieu, aux secrets de la création, à des réponses aux questions existentielles, à des directives pour harmoniser le matériel et le spirituel ; finalement à un guide pour évoluer dans ce monde.
Mais il existe un danger : ces cadeaux extraordinaires, placés entre les mains de l’homme, pourraient le conduire à développer un culte de la personnalité, le détournant paradoxalement de D.ieu. Il pourrait s’en servir pour s’élever et se perfectionner tout en érigeant la Torah et D.ieu en simples “étendards”, avec le sentiment que “c’est moi qu’il faut glorifier !”.
Pour éviter ce détournement, il est primordial de s’annuler devant D.ieu, comme un véritable serviteur. L’expérience de l’esclavage en Égypte a en fait préparé nos ancêtres, les formant à cette condition essentielle lors de la réception de la Torah. C’est sous cette forme de servitude qu’ils ont transmis leur patrimoine, qui s’est conservé tout au long de l’Histoire.
Un des plus beaux exemples est celui du Rambam - Maïmonide, géant en Torah, reconnu même par les non-juifs pour sa sagesse, ses connaissances en médecine, en astrologie et autres sciences. Il restera malgré tout un vrai serviteur de D.ieu, ne recherchant que la connaissance de D.ieu et de Sa Torah, avec une humilité incroyable qui se reflète dans ses écrits, tout en se préoccupant de ses frères physiquement et spirituellement. Nous essaierons dans ce magazine de vous rapporter certaines facettes de ce maître incontesté.