Le repentir et le jour de Yom Kippour expient les fautes vis-à-vis d’Hachem, comme manger des aliments interdits, etc… En revanche, à propos des transgressions vis-à-vis d'autrui, comme blesser ou maudire son prochain, la personne n'obtiendra jamais d'expiation, jusqu'à ce qu'elle rembourse, à l’autre, ce qu'elle lui doit et s'excuse.
Même si elle s'est moquée d'autrui par de simples paroles, elle devra lui demander pardon, jusqu'à ce que celui-ci l'excuse. Car les délits occasionnés par la bouche sont pires que ceux touchant à l'argent. Et à fortiori, si elle a fait honte à son prochain et a fait pâlir son visage, cette faute est comparée au meurtre.
Les Sages ont dit : « Dans une Séa (mesure de volume) remplie de transgressions, le vol est le premier accusateur et, dans ce cas, figure le prêt d’argent avec intérêt à un juif, non-conforme à la loi, ou le cas de quelqu’un qui porte plainte contre son beau-père afin d’obtenir une part de son héritage, en opposition avec notre sainte Torah, qui dit qu’une fille ne peut hériter que dans le cas où elle n’a pas de frère. Ainsi qu’il est dit [Bamidbar 27.8] : « Et tu parleras en ces termes aux enfants d’Israël : Si un homme meurt sans laisser de fils, vous ferez passer son héritage à sa fille. »
S’il est allé devant les tribunaux civils et a obtenu gain de cause, tout ce qu’il recevra sera du vol aux yeux de la Torah. Il sera tenu de rendre l’argent aux frères de sa femme et devra s’excuser, afin qu’ils lui pardonnent. De même, celui qui a un conflit d'argent avec son prochain ne restera pas sur ses positions, car bien souvent un homme ne voit pas lorsqu’il est coupable. Il devra plutôt exposer les faits devant un Rav spécialisé dans les litiges financiers, afin qu’il lui dise s’il est obligé de rendre la somme ou non. Ceci est valable, même dans le cas où la partie adverse ne l’a pas accusé. Il est tenu d’être disculpé de toute accusation céleste et demandera l’avis à un Maître en la matière.
Sachez qu’il faut faire attention lorsqu’on demande pardon à quelqu’un, de ne pas le blesser une seconde fois et être amené à devoir demander pardon sur le pardon. Par exemple, si on rappelle, devant tout le monde, qu’on a mal agi vis-à-vis de cette personne et on lui fait honte, il aurait été préférable de ne pas lui demander pardon. On devra faire attention à cela afin de ne pas ressembler à celui qui fait honte à l’autre et l’embarrasse, puis lorsqu’il voit qu’il a été touché, lui dit, à haute voix, avec un sourire en coin : « C’est entre nous, tu n’as quand même pas été blessé par ce que je t’ai dit ? C’était pour rire. » Ou bien : « Je n’avais vraiment pas l’intention de te blesser, tu me pardonnes, hein ? » Tandis que l’autre a encore plus honte, et malgré lui, répond : « Oui, c’est pour rire, pas de problème. » D.ieu nous en préserve.
Ou encore, si l'on médit sur quelqu’un ou si on le lèse, et que cette personne n’est pas au courant, il ne faudra pas lui en faire part ! Car cela ne ferait que l’énerver et le faire souffrir davantage. Néanmoins, on devra lui demander pardon de manière générale. Ainsi que l’a tranché le Gaon Rav Israël Salanter, et également le Rav Auerbach dans son livre ‘Az Nédabérou’.
Il est interdit de faire preuve de cruauté, mais plutôt être quelqu'un de facile à calmer et dur à énerver. Lorsque la personne ayant fauté vient demander pardon, il faudra pardonner d’un cœur entier et d’une âme volontaire. Même si celle-ci a commis beaucoup d’erreurs et a causé beaucoup de peine, il ne faudra pas lui en garder rancune, ni chercher à se venger. Ceci est la conduite des descendants d’Israël, ayant un cœur juste. Tandis que les peuples, incirconcis du cœur, ne se conduisent pas ainsi et conservent leur haine et leur colère indéfiniment.
Celui qui a lésé autrui, bien qu’il lui ait payé les cinq choses qu’il lui doit [dégâts, souffrances, guérison, manque à gagner, et honte], ne voit pas sa faute expiée tant qu’il ne s’est pas excusé et que l’autre ne l’a pas pardonné. De plus, il est interdit au lésé d’être cruel et de ne pas pardonner. Car ce n’est pas la conduite des descendants d’Israël. Il doit faire preuve de compréhension lorsque l’autre demande pardon, s’est excusé et regrette profondément son acte. Celui qui pardonne rapidement est digne de louanges et est un disciple des Sages. [Choul’han ‘Aroukh ‘Hochen Michpat 422.1]
Les Sages ont dit : « Celui qui sait passer sur les fautes d'autrui à son égard, le Ciel en fera de même pour lui. » Et s’il ne pardonne pas à son prochain, à lui aussi on ne pardonnera pas. À l'exception du cas, où il fait cela pour le bien de celui qui demande pardon, par exemple, pour qu’il réussisse vraiment à soumettre son cœur et ne recommence plus, malgré ses mauvaises habitudes solidement ancrées. Dans un tel cas, on pourra pardonner avec un certain délai. Autre exception : on n'est pas obligé de pardonner à quelqu'un qui nous a fait une mauvaise réputation, basée sur un mensonge. Néanmoins, même dans de telles circonstances, il est bien de pardonner, car le peuple d’Israël est miséricordieux, fils de miséricordieux.
On amènera trois personnes, qui demanderont au lésé de pardonner. S’il reste sur sa position et ne veut toujours pas, on devra amener trois nouvelles personnes, qui feront de même. S’il persiste à ne pas vouloir, on réitèrera la procédure. À chaque reprise, il faudra tenter d’apaiser le lésé, par des nouvelles paroles. Si malgré tout, il n’est toujours pas prêt à pardonner, on le laissera ainsi, et c’est lui qui deviendra, dorénavant, le fauteur.
Si celui qui a été lésé ne se trouve pas dans la ville et on ne peut donc pas l’apaiser, on devra prendre sur soi, d’un cœur entier, qu’on devra s'excuser, dès son retour. Et puisqu’on s'est engagé sincèrement, alors Hachem considère qu’il l’a déjà fait.
Celui qui lèse une personne, qui meurt avant qu’il ait pu lui présenter ses excuses, devra amener dix personnes sur sa tombe et dire devant elles : « J’ai fauté devant Hachem D.ieu d’Israël et devant… à qui j’ai fait… » Si la personne est enterrée dans une autre ville que la sienne, il lui sera suffisant de demander pardon au défunt, devant dix personnes. En revanche, s’il a un ami qui habite dans la ville en question, il en fera son envoyé qui demandera pardon pour lui, devant dix personnes, devant la tombe. S’il devait de l’argent au lésé, il remboursera à ses héritiers.
Si une personne a fauté envers son Maître, elle devra l’apaiser et lui demander pardon, même mille fois.
Un Sage, ayant interdit par erreur un aliment, a l’obligation d’apaiser le propriétaire de celui-ci.
Un homme est obligé de demander pardon à son père et sa mère la veille de Yom Kippour, sur toutes les fautes et les préjudices qu’il leur a causés, durant l’année écoulée. Celui, qui ne fait pas cela, est appelé fauteur et néglige le respect dû à ses parents, une faute dont presque personne n’est préservée au quotidien. Néanmoins, si un enfant manque de maturité pour demander pardon à ses parents, ou s’il n’a pu le faire, dans un cas de force majeure, les parents diront : « Nous pardonnons à notre enfant … sur toutes les fautes qu’il a faites envers nous, et qu’il ne soit pas sanctionné à cause de nous. »
Même les époux, entre eux, devront se pardonner l’un l’autre, sur toutes les fautes qu’ils ont commises, tout au long de l’année. Et ils devront accepter de se respecter et de s’aimer, tel que l’ont ordonné nos Sages, comme il est écrit dans le Rambam [Hilkhot Ichout 15.19-20] : « Les Maîtres ont ordonné à l’homme de respecter sa femme plus que son propre corps et de l’aimer comme son corps. Et s’il a de l’argent, il devra la combler selon sa richesse. Il ne devra pas faire en sorte qu’elle le craigne outre mesure, il devra lui parler avec gentillesse, sans énervement, ni colère.
De même, les Maîtres ont ordonné, à l’épouse, de beaucoup respecter son époux, qu’elle le craigne et agisse selon ses paroles, et qu’il soit à ses yeux comme un prince ou un roi, qu’elle se comporte selon le cœur de son mari et repousse tout ce qu’il hait. Voici la conduite des femmes et hommes saints, purs dans leur couple. C’est par de tels chemins qu’ils vivront dans la joie et l’allégresse. » Que le Sage écoute et ajoute ceci à ses enseignements.
Il est bien et souhaité que toute personne dise, la veille de Yom Kippour : « Je pardonne et efface toutes les fautes d’autrui m’ayant touché, que ce soit concernant mon corps, concernant mon argent, concernant mon honneur, ou concernant tout ce que je détiens. » On a l’habitude que l’officiant annonce à haute voix, avant Kol nidré (prière qui ouvre l’office du soir de Yom Kippour) : « Mesdames et messieurs, pardonnez-vous les uns les autres ». Et tout le monde répond : « Nous avons pardonné ». Et c’est une bonne habitude de procéder ainsi.
Les Maîtres ont dit [Pirké Dérabbi Eli’ézer 55] : Le Satan, qui a l’habitude d’accuser les enfants d’Israël, tous les jours de l’année, devient un de leur défenseur le jour de Yom Kippour, et dit : « Maître des mondes, Tu as un peuple comparable aux anges de service : de même que ceux-ci ne mangent, ni ne boivent, ainsi se comportent les enfants d’Israël. De même qu’ils se recouvrent, ainsi les enfants d’Israël agissent.
De même que les anges sont propres de toutes fautes, ainsi les enfants d’Israël le sont eux-aussi. » Et Hachem entend les louanges d’Israël faites par l’accusateur, et expie les fautes de tout Son peuple.