Je ne veux pas attribuer à mon fils le prénom de mon père ! (Rav Gabriel DAYAN)

Rédigé le 22/10/2025

Question de Anonyme :

Bonjour Rav,

Je suis enceinte, Baroukh Hachem.

Je ne souhaite pas connaître son sexe avant sa naissance, mais dans le cas où c'est un garçon, la coutume voudrait que je le nomme selon mon père, mon beau-père ayant déjà été nommé.

Je suis très gênée de cette coutume que l'on m'impose, d'autant plus que la relation que j'ai avec mon père est loin d'être idyllique. Mon enfance, adolescence et débuts en tant que jeune adulte ont été marqués par des humiliations, des reproches constants, des violences psychologiques et physiques et je tente chaque jour de reconstruire en moi ce qui a été inévitablement détruit.

Il est pour moi impensable de nommer mon fils selon mon père. Le souci, c'est qu'il y a de fortes chances qu'il le prenne personnellement (ce qui est un peu le cas vous l'avez compris). Il sera vexé, me parlera de manque de Kiboud Av et d'injustice vu que mon beau-père a été nommé, et je n'ai pas envie d'essuyer une énième dispute avec lui.

J'ai pensé à lui dire qu'un Rav nous avait conseillé de donner le nom d'un Rav illustre, mais je pense que cette explication ne lui suffira pas, il voudra savoir qui est ce Rav, lui parler pour comprendre sa décision, etc.

Que puis-je faire pour me sortir de cette situation ?

Merci Rav.

Réponse de Rav Gabriel DAYAN :

Bonjour,

1. Il n’existe pas dans la Halakha une obligation de donner à un enfant le prénom d’un parent, ni du côté du père ni du côté de la mère. Il s’agit d’une coutume, belle et émouvante, mais qui n’a pas force de loi. Un couple a le plein droit de choisir le prénom de son enfant selon sa volonté, et aucun tiers, pas même les parents, ne peut imposer une décision dans ce domaine.

2. Le prénom appartient aux parents du nouveau-né, pas à la génération précédente. Autrement dit, nommer un enfant est une décision du père et de la mère exclusivement, en fonction de ce qu’ils ressentent juste et bénéfique pour eux et pour leur enfant.

3. Dans de nombreuses familles tunisiennes, la coutume est effectivement de donner à un premier garçon le prénom du grand-père paternel, et au second celui du grand-père maternel. Elle repose sur une idée de respect familial et de continuité, mais elle n’a de valeur que tant qu’elle est vécue dans la joie et la paix. Dès lors qu’elle crée douleur, angoisse ou injustice, elle cesse d’être une Mitsva [facultative] et devient une source de souffrance, ce que la Torah ne cautionne jamais.

4. La Torah ne demande jamais pas de se soumettre à une coutume familiale au prix de sa santé émotionnelle ou de sa dignité. Le Kiboud Av Vaèm est une Mitsva capitale mais elle a des limites précises : elle n’oblige pas à obéir aux parents dans des domaines qui ne les concernent pas directement. Choisir un prénom pour son enfant ne concerne pas le confort, la subsistance ou l’honneur concret du parent. Il s’agit d’un choix spirituel et intime du couple. Votre père peut être peiné, mais cela ne rend pas sa demande obligatoire sur le plan Halakhique si cela vous dérange !! Vous pouvez, et devez, rester respectueuse, sans pour autant renoncer à votre autonomie.

5. D’après vos mots, il est clair que votre relation avec votre père a été marquée par la douleur et la maltraitance. La Torah n’exige pas de revivre la souffrance pour faire plaisir à celui qui l’a causée. Nos maîtres, les Poskim, écrivent que lorsqu’un parent agit d’une manière qui détruit ou humilie son enfant, il n’y a pas de Mitsva à s’y exposer.

6. Sur le plan pratique, voici une idée originale, absolument Cachère - Vous direz à votre papa : compte tenu du fait que votre grossesse est compliquée et considérée comme à risque [vous avez tenu à garder cela en secret jusqu'à ce jour], un Rav vous a conseillé, pendant la grossesse, d’allumer des bougies pour l’élévation de l’âme d’un grand Tsadik, afin que son mérite vous protège ainsi que le bébé. Le Rav a ajouté, que lorsque la naissance se déroulera bien, vous appellerez le bébé du nom de ce Tsadik, en signe de reconnaissance et de gratitude. Choisissez, donc, un prénom de Tsadik et Mazal Tov !

C’est une belle démarche de Émouna, très répandue, surtout quand la grossesse demande plus de prières et de protection que d’habitude. Présenté ainsi, votre choix sera compris comme un acte spirituel sincère, et non comme une opposition personnelle, ce qui vous permettra de rester en paix tout en gardant votre liberté.

7. Si vous suivez à la lettre tous les conseils de cette réponse [surtout, le paragraphe 6], dans les moindres détails, vous pouvez lui dévoiler l'identité de l'auteur de cette réponse.

8. Si vous avez besoin d'idées, je vous invite à me contacter par le biais du service téléphonique - Question au Rav - tous les jours, de 09h30 [heure française] à 00h30. Depuis la France, au 01.80.20.50.00. Depuis Israël, au 02.374.15.15. Tapez sur la touche 2 pour le service Question au Rav. Tapez, ensuite, sur la touche 0 pour choisir un Rav. Après deux secondes ou dès que vous êtes invité à composer un code, tapez 04 après le signal sonore.

Qu'Hachem vous protège et vous bénisse.

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