’Hayé Sarah – Les « cadeaux » d’Avraham à ses descendants

Rédigé le 21/11/2024
Rav Yehonathan GEFEN

« Avraham donna tout ce qu’il avait à Its'hak. Et aux enfants des concubines, il offrit des cadeaux. » (Béréchit 25,5-6)

Rachi nous donne une information quant aux cadeaux en question : « Les Rabbanim expliquent qu’il leur a transmis le "Chem Touma" – le nom d’impureté. » Rachi explique (dans la Guémara Sanhédrin 91a) qu’il s’agit de sorcellerie et de Maassé Chédim.

À la fin de la Paracha, la Torah raconte qu’Avraham Avinou a donné tout ce qu’il avait à son fils Its'hak. Mais immédiatement après, la Torah ajoute qu’il a également donné des cadeaux aux enfants de Kétoura. Une question évidente se pose. S’il a tout donné à Its’hak, que lui restait-il à léguer à ses autres enfants ? Nos Sages expliquent qu’il leur a transmis le Chem Touma qui est une sorte de pouvoir spirituel qui n’a pas de lien avec l’héritage spirituel pur reçu par Its’hak (et qui n’est donc pas inclus dans ce que Its’hak a reçu).

Rachi précise (dans la Guémara) qu’il s’agit de sorcellerie et d’une sorte de pouvoir sur les Chédim. Le Zohar estime que ces forces avaient une forme de vraie sagesse en elles, mais elles ont été corrompues au cours de l’Histoire. Il écrit : « Rabbi Abba dit : "J’étais une fois dans une ville d’Orient et les habitants m’ont enseigné une partie de leur sagesse ancienne et m’ont montré leurs livres de sagesse… Je leur ai dit que tout cela ressemble à la Vérité de notre Torah, mais qu’ils devraient éviter ces livres pour s’éloigner de l’idolâtrie… Les anciens d’Orient possédaient une sagesse qu’ils avaient héritée d’Avraham, qui avait été transmise aux enfants de son autre femme… Avec le temps, ils suivirent cette sagesse, mais prirent de nombreuses fausses routes." » [1]

Pourquoi Avraham leur a-t-il transmis cette forme de sagesse ? Rav Pin'has Winston[2] explique qu’Avraham n’a pas envoyé les enfants de Kétoura vers l’idolâtrie. Au contraire, bien qu’il dût les éloigner d’Its'hak, il voulait qu’ils restent à l’écart de toute forme d’idolâtrie, qu’ils conservent un héritage spirituel.

Par conséquent, Avraham leur apprit comment accéder à la spiritualité, mais sans utiliser les Saints Noms de D.ieu – ce que seuls Its'hak et ses descendants pouvaient faire. « Ils apprirent à méditer et à s’élever à un haut niveau de sensibilité spirituelle, qui pouvait les mettre à l’écoute de la Création. Il s’agit probablement de la base de la plupart des religions orientales d’aujourd’hui, mais pas des pratiques idolâtres. Elles peuvent s’avérer efficaces, mais pas autant que l’approche de la Kabbala qui utilise les Noms d’Hachem qui nous ont été transmis par tradition. »

De nos jours, il existe plusieurs aspects des religions orientales qui imitent ou déforment les idées ou les valeurs de la Torah. Par exemple, Rav Dov Ber Cohen remarque que le nom de la divinité créatrice de l’hindouisme est Brahma et qu’il a une épouse appelée Saraswati. Ces noms sont étonnamment similaires à Avraham et Sarah. De plus, leur tradition enseigne que Saraswati fut façonnée à partir d’une partie du corps de Brahma, ce qui ressemble étrangement au récit de la Torah sur la création de ’Hava.

Notons que les recherches modernes trouvent d’autres liens entre les écoles de pensée d’Extrême-Orient et la Torah. Par exemple, un article dans le Journal of Chinese Medicine établit un rapport entre la pratique chinoise de l’acupuncture et l’emplacement des Téfillin sur le corps de l’homme. Les endroits précis utilisés par l’acupuncteur pour « élever et éclairer l’esprit » sont identiques à ceux sur lesquels les Téfillin sont placés – la tête et le bras. Et non seulement l’acupuncture chinoise choisit les points exacts sur lesquels les Téfillin sont enroulés, mais elle favorise le traitement du bras et de la tête avant celui de la main, conformément à la Halakha à propos de la mise des Téfillin ; il faut tout d’abord placer les Téfillin sur le bras, puis sur la tête et ensuite seulement, sur la main.

L’auteur de l’article conclut : « Si quelqu’un tendait à un acupuncteur la formule ci-dessus (à savoir les endroits exacts où les Téfillin sont placés) et lui demandait quels problèmes cela peut traiter, l’acupuncteur répondrait sans aucun doute que ces points sont liés aux problèmes mentaux et spirituels. En mettant les Téfillin, l’homme stimule un ensemble précis de points d’acupuncture qui ouvrent et éclairent l’esprit.[3]

Ainsi, Avraham a délibérément donné à ses enfants l’accès aux vraies forces spirituelles, sans leur permettre d’atteindre les véritables niveaux de relation avec Hachem (auxquels seul un Juif peut accéder). Ajoutons qu’Avraham ne se préoccupait pas seulement de ses enfants, mais de tous ses descendants, à travers l’histoire. Nous savons que le peuple juif est censé être une lumière pour les nations, qu’il doit diffuser le monothéisme – la croyance en un D.ieu unique, Créateur d’une moralité absolue. Rav Ken Spiro, dans son livre World Perfect, explique comment cette croyance s’est miraculeusement répandue dans le monde, à travers le christianisme et l’islam, au point que la moitié du monde se considère comme monothéiste. Il sera donc beaucoup plus facile aux gens, lorsque le Machia'h viendra, d’accepter l’approche de la Torah, parce qu’ils sont moins éloignés des croyances de la Torah que les idolâtres. Bien évidemment, les religions orientales furent grandement influencées par des croyances idolâtres, mais le fait qu’elles tiennent leurs origines des enfants d’Avraham, qui avaient un élément de vraie spiritualité, leur permettra peut-être de s’adapter plus facilement à la Vérité, quand Machia'h viendra.

Ces enseignements ne sont pas seulement théoriques. Malheureusement, il y a beaucoup de Juifs laïcs qui suivent les Bné Kétoura et qui se dirigent vers l’est à la recherche de spiritualité. Ils négligent leur propre héritage, le chemin de Its'hak, fils unique d’Avraham et de Sarah. La raison est évidente : hélas, ils ne sont pas conscients du fait que le judaïsme offre le seul vrai chemin vers la sainteté et la perfection spirituelle. Lorsque nous rencontrons des Juifs laïcs, il nous incombe, dans la mesure du possible, de leur prouver que la spiritualité qu’ils recherchent désespérément est très accessible, tout à fait à leur portée et qu’elle sera encore plus puissante que celle qu’ils pourraient obtenir dans leurs quêtes diverses.

 

[1] Zohar Vayéra.

[2] Torah.org : Too Far East [Trop loin à l’est].

[3] Article dans Aish.com